Internet en Chine
- Quentin Cucuel
- 18 avr. 2015
- 4 min de lecture
Ni hao à tous, lecteurs chevronnés, famille aimante, et courageux amis.
Mon nouvel emploi étant particulièrement prenant, je n’ai passé que très peu de temps en dehors du bureau au cours des deux dernières semaines. Comprenez donc que j’aie préféré la compagnie d’une bière entre amis, que celle de mon seul écran d’ordinateur portable. Vous m’en voulez, je vous comprends. Vous me pardonnez ? Vous êtes merveilleux.
L’ironie frappe cet article de toute sa force, alors que je m’apprête à délivrer un témoignage poignant sur un des sujets sociétal les plus importants de ce 21ème siècle : Internet. En effet, ces lignes sont rédigées sur Microsoft Word, puisque le wifi du café dans lequel je me trouve refuse de s’interfacer avec ma carte réseau. Mais bon! C’est pas ça qui va m’empêcher de vous conter les aventures fantastiques de l’Internet Chinois. Installez-vous confortablement devant votre écran et profitez de votre connexion décente, on est parti.
The Great Firewall
Evidemment, la première chose qui vient à l’esprit lorsque vous associez les mots « Internet » et « Chine » est certainement liée de près ou de loin à la censure. Pourquoi ? De un parce que c’est la seule information relayée en France concernant Internet en Chine. De deux parce que c’est vrai.

En 2013, la Chine comptait plus de 2 million de cyber-flics, dont la mission consiste non-seulement à bloquer les contenus contraires aux bonnes mœurs, la notion restant à l’appréciation de l’arbitre, mais également de garder un œil sur les activités en ligne de la population. Sans rentrer dans les nombreuses considérations concernant les implications politiques et polémiques, on va juste dire que c’est pas très joli et se concentrer sur les conséquences fonctionnelles de cette censure sur l’utilisation du web au quotidien. En espérant ne pas avoir d’uniformes sur le pas de ma porte demain matin.
Chaque requête passée sur internet par les utilisateurs doit passer à un nombre conséquent de filtres et de vérifications pour s’assurer que la recherche est appropriée. Puis faire 3 fois le tour de la Chine. En trottinette. Du coup les sites hébergés à l’étranger subissent le courroux d’une connexion émasculée de ses bytes, et l’accès est extrêêêêêmement lent. D’aucun appellerait ça du protectionnisme, mais j’ai dit que je ne rentrerai pas dans la polémique.
Dans le cas où cette requête fait partie de la « liste rouge », vous tomberez sur une page d’erreur, et votre connexion sera coupée pendant quelques minutes. Là vous vous dites : « C’est sûr ça doit être agaçant, mais en même temps il a qu’à pas fréquenter ces sites ! Qu’il est bête. » Mais c’est parce que vous vous ne rendez pas compte de l’étendue des dégâts. La plupart des sites que nous utilisons quotidiennement en France, sont bloqués ici. Parmi eux, et de manière non-exhaustive :
Tous les sites et outils développés par Google : Google Chrome, Google Maps, Gmail, Youtube, etc.
Certains medias sociaux : Facebook, Twitter pour ceux sur lesquels je clique parfois
Les sites de téléchargement
Les sites p-**cough cough mesgrandsparentslisentcaetjaijamaisfrequentecegenredesite**
Et la liste est encore longue après ça.
Ah bin oui, ça fait moins les malins là, c’est sûr !
Voici une petite animatique sympa (en anglais) pour vous aider à mettre tout ça en image :
J’ai appris à contenir mes émotions à chaque fois qu’une page d’erreur s’affiche et que je suis privé de connexion pendant 3minutes. Où lorsque ma connexion est tellement lente que je paie pour 50Mb/s et que je peine à atteindre 250kb/s en heures creuses. Mais heureusement, chaque problème à une solution ! Et si le gouvernement a décidé de bloquer l’accès à certains sites, certaines entreprises ont fait de cette restriction leur business en proposant des VPNs (Virtual Private Network) pour particuliers.
Les VPN
Alors qu’est-ce qu’un Virtual Private Network, à part un anglicisme classe/obscur ? Essayez de vous représenter le Great Firewall comme une montagne, que traverse le tunnel du VPN. Au lieu de détecter une requête partant de Chine, et donc soumis à la sanction du firewall, le VPN simule une connexion située sur un serveur distant.

Vous saurez apprécier ma maitrise de Paint
On peut donc passer outre la censure, et ça mes amis, c’est le meilleur pote de l’expat’ ! Mais vient le revers de cette médaille salvatrice. Les revers en fait :
La connexion doit passer par un filtre supplémentaire, d’où une navigation encore plus ralentie
Le gouvernement cible périodiquement ses attaques sur les VPNs, rendant le service très instable
Ce VPN n’est pas gratuit. Du tout.
Booster votre connexion
Certains fournisseurs internet ont également commencé à s’attaquer au problème de la lenteur extrême de la connexion, en proposant un service VIP aux personnes en situation de nécessité. Oui je m’inclue dedans.
Pour bénéficier de ce service, qui n'apparait nulle part sur les sites des fournisseurs internet, le "VIP" devra rajouter un petit quelque chose à son abonnement. Normalement 50RMB/mois, mais un collègue s'en est vu demander 200. Sans commentaire.
Cette option n’étant de toute façon accessible qu’à Shanghai et Pékin pour les particuliers, je suis coincé avec ma connexion pourrie jusqu’à ce que mort s’en suive. La qualité de nos échanges Skype s’en ressentiront également, j’en ai bien peur !

Pour conclure cet article, qui je suis sur vous a ému aux larmes : on m’a coupé internet la semaine dernière à la maison. Littéralement.
Un voisin a coupé ma fibre optique avec une paire de ciseaux.
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