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On s'est pas compris

  • Photo du rédacteur: Quentin Cucuel
    Quentin Cucuel
  • 10 mars 2015
  • 4 min de lecture

Malgré ma bonne résolution d'alimenter le site en contenu au moins une fois par semaine, certains évènements peuvent rentrer en conflit avec cet objectif. C'est donc du haut d'un superbe immeuble du centre-ville de Shanghai que je vous écris, y ayant passé la semaine pour le travail.

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Shanghai sans pollution, un bien bel endroit!

Commençons ici par nous poser deux minutes pour réfléchir aux questions suivantes: Quel est l'importance du langage dans la compréhension d'une culture ? Et seriez-vous capable de partager autant avec une personne avec laquelle vous avez des difficultés à communiquer ?

Si je n'ai pas la réponse assurée à ces questions, je sais au moins que j'aurai du mal à saisir toute la profondeur d'une civilisation vieille de plus de 4 millénaires avec un vocabulaire limité à "chou-fleur" et "facture".

Vous me répondrez bien entendu que l'anglais peut permettre de surmonter la barrière de la langue, seulement:

1) La structure d'une langue peut révéler beaucoup de choses sur la culture.

2) A Chengdu, l'autochtone ne parle pas l'anglais.

En somme, si je veux profiter pleinement de mon expérience ici, il va me falloir apprendre à manier le mandarin.

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La méthode Chineasy: une approche esthétique

L'apprentissage d'une langue se déroule en plusieurs étapes, et la plupart de ceux qui liront cet article y sera déjà familiarisé.

Première étape: La panique

La langue n'est alors qu'une étrange mixture de sons indistincts, dont la structure reste tout à fait opaque à l'utilisateur novice. La discussion se passe alors de la façon suivante:

Sichuanais lambda : Monologue en mandarin

Lao Wai (étranger) lambda: "Je ne parle pas un mot de mandarin, désolé!"

SL: Monologue saccadé en mandarin avec un sourire, le volume sonore augmente également.

LWL: Goutte de sueur, réponse saccadée en anglais. L'impasse est palpable.

SL: Mandarin normalement réservé aux enfants de moins de 4 ans, et aux personnes atteintes d'Alzheimer.

SL: Mimes.

La qualité du mime décidera ensuite de l'obtention de l'objet du débat ou non. Personnellement, j'ai été bon sur les thématiques liées aux objets de première nécessité (allumettes, ciseaux, etc.). Des progrès sont à envisager sur la nourriture, mais je fais partie des chanceux: un pote s'est tapé une tourista la première semaine. J'ai entendu dire que son entretien au comptoir de la pharmacie était des plus délectable.

Deuxième étape: L'espoir

Après quelques semaines, on se fait une raison: on ne devient pas polyglotte en 15jours. Le progrès prend du temps et on l'accepte. Si le mime fait maintenant partie du quotidien, on commence à reconnaitre les quelques mots qu'on a appris avec les copains, à percevoir la musique de la langue, ainsi que les débuts et fins de phrases. On est d'accord que ça ne sert toujours pas à commander le plat qu'on voulait au resto, mais on sent au moins qu'on est dans la bonne direction.

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Voilà, j'en suis là à peu près.

Troisième étape: Par petits bouts

Chauffés à bloc par des semaines de répétitions mentales, vient le temps des premiers baragouinages. Les mots se séparent enfin les uns des autres, et on peut en distinguer quelques-uns. Bon par contre, on sait toujours pas pourquoi ils sont mis dans cet ordre, mais ça va venir. L'important c'est qu'on peut commencer à apprendre des mots dans une conversation.

Quatrième étape: Le bricolage

La logique d'apprentissage est maintenant bien rodée, et même si on n'est pas toujours compris, on se comprend. Les structures des phrases commence à avoir un sens et on peut désormais organiser les quelques mots de vocabulaire acquis à la sueur du front pour engager une conversation inintéressante.

Cinquième étape: La construction

Le lexique s'étoffe peu à peu, la frustration et l'impatience se lisent de moins en moins dans les yeux de nos interlocuteurs, et notre personnalité peut enfin affleurer depuis les âffres de nos lacunes passées. Conseil: attendez encore un peu avant d'essayer l'humour.

Sixième étape: La consolidation

Vous comprenez 80 à 90% de ce qui se dit dans les médias, les conversations sont maintenant plus fluides et vous pouvez même prendre part aux conversations de groupe. Bravo. Non non, j'insiste.

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Un bravo du studio

Alors qu'est-ce que ça fait d'être bloqué à l'étape 2 pour le moment ?

Les trois premières semaines ont été très compliquées, et j'avais largement sous-estimé les conséquences de la barrière linguistique sur mon quotidien. En effet, ayant principalement vécu dans les localités partiellement ou totalement anglophones, j'ai toujours plus ou moins pu me démerder.

En arrivant à Chengdu, j'ai dû laisser derrière moi toute l'autonomie dont une personne de 26 ans peut jouir, pour revenir à un état de dépendance quasi-paraplégique, incapable de me commander un bol de nouille ou d'indiquer ma destination à un taxi. Fort heureusement, les RHs du studio connaissent ces difficultés et assistent tous les expatriés dans leurs démarches et autres pièges tendus aux non-sinophones. Passé la crainte de me confronter à des personnes incapables de me comprendre, j'ai progressivement avancé vers l'étape 2 détaillée ci-dessus, et commence tout juste à apprécier l'aventure Sichuanaise.

Je débute d'ailleurs mes cours de mandarin dès la semaine prochaine avec le studio, vais m'inscrire à un cours supplémentaire de 50h et ai bien l'intention de rejoindre les quelques héros du studio au panthéon des expatriés sinophones.

再见

Annexe:

Conseils nazes à donner à quelqu'un qui veut apprendre une langue étrangère:

- "Eh, trouve-toi une copine Chinoise qui parle pas anglais!"

- "Essaie de te forcer à parler"

- "De toute façon tu t'en fous, tout le monde parle anglais"

Merci les mecs.

 
 
 

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